Notre House View a pour objectif de fournir une structure autour des perspectives macroéconomiques et financières afin d'aider nos équipes d'investissement et nos clients à prendre des décisions plus éclairées.
Cela est d'autant plus important dans l'environnement d'investissement complexe actuel, où la hausse des droits de douane menace de freiner la croissance et d'alimenter l'inflation, et où les investisseurs s'inquiètent des plans d'emprunt du gouvernement américain. La clarté est essentielle pour investir avec conviction.
Voici quelques-unes des principales conclusions de notre dernière analyse qui se concentre sur quatre domaines : les obligations, le risque corporate, le dollar américain et les marchés privés. 

Le retour des obligations (avec une petite surprise)

Après avoir été boudées pendant des années, les obligations reviennent dans le radar des investisseurs. Nous sommes modérément optimistes à l'égard des obligations souveraines et corporate en raison de leurs rendements attractifs et de leurs avantages en termes de diversification à l'approche d'un possible ralentissement économique.

Les banques centrales maintiennent leur politique accommodante, la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et la Banque d'Angleterre étant susceptibles de réduire encore leurs taux d'intérêt. Cela soutiendra les prix des obligations, qui augmentent lorsque les taux d'intérêt baissent. 

Toutefois, les primes de terme des obligations, c'est-à-dire la compensation supplémentaire exigée par les investisseurs pour détenir des titres à long terme plutôt qu'à court terme, pourraient continuer à augmenter. Cette tendance sera alimentée par les risques géopolitiques, l'incertitude inflationniste et l'explosion des déficits budgétaires publics. 

C'est pourquoi les investisseurs doivent se montrer plus sélectifs. Nous privilégions les crédits corporate de haute qualité, les segments courts des courbes de rendement obligataires et les dettes souveraines des pays où les banques centrales sont susceptibles de procéder aux baisses de taux les plus importantes, comme les gilts britanniques.

Risque corporate : au-delà des États-Unis

Nous tablons sur un ralentissement de la croissance économique mondiale, mais pas sur un effondrement. Par exemple, nous avons revu à la baisse nos prévisions de croissance pour les États-Unis, les ramenant de 2,8 % l'année dernière à environ 1,8 % cette année, en grande partie en raison de l'impact des droits de douane. 

Cela dit, les mesures politiques favorables se renforcent en Europe et en Chine, créant ainsi des opportunités. Nous nous détournons progressivement des États-Unis, car les actions des autres marchés développés et émergents commencent à paraître plus attrayantes.

Par exemple, la politique budgétaire européenne est devenue plus favorable, les dépenses de défense de l'Union européenne (UE) devant augmenter de 800 milliards d'euros, soit environ 5 % du produit intérieur brut (PIB), reflétant un changement de mentalité en matière de sécurité. 

Dans le même temps, les valorisations des actions américaines restent élevées après le fort rebond des marchés en avril et mai, et nous pensons que les valorisations européennes et chinoises offrent un meilleur rapport qualité-prix.

Le débat sur le dollar et la fin de l'« exceptionnalisme »

Le dollar est un sujet brûlant, car la monnaie de réserve mondiale perd de son éclat. Nous sommes neutres à l'égard de la devise américaine à court terme, mais pensons qu'elle pourrait s'affaiblir dans les années à venir.

L'exceptionnalisme américain, c'est-à-dire l'idée que les États-Unis bénéficient d'avantages structurels uniques qui en font systématiquement un lieu plus attractif pour les investissements, est en train de s'estomper.

Par exemple, d'autres marchés développés vont concurrencer la croissance supérieure enregistrée par les États-Unis ces dernières années, tandis que l'avance industrielle dont bénéficient certains géants technologiques américains semble également s'effriter. Le dollar pourrait encore bénéficier d'une liquidité importante et du soutien des institutions, mais ses perspectives à long terme semblent plus sombres.

En effet, le dollar a subi des pressions soutenues ces derniers mois, les investisseurs internationaux ayant conclu que les États-Unis étaient devenus une destination moins attractive pour investir.

Marchés privés : une opportunité structurelle

Les marchés privés se trouvent dans une situation idéale, avec des taux d'intérêt en baisse, une croissance économique qui ralentit mais ne se contracte pas, et un héritage de sous-offre d'actifs de qualité dans des domaines tels que l'immobilier, les infrastructures et le crédit privé.

Par exemple, l'immobilier direct mondial semble attractif, avec une amélioration des marchés de l'occupation et du crédit, mais une offre limitée. 

La diversification des portefeuilles est importante dans un monde imprévisible. Les signes d'une corrélation positive entre les actions et les obligations se multiplient (les deux évoluant à la hausse ou à la baisse de concert), de sorte que les portefeuilles obligataires classiques n'offrent plus une diversification suffisante.

Pour les investisseurs qui peuvent tolérer une liquidité moindre, les marchés privés peuvent offrir des avantages en termes de diversification tout en générant des rendements attractifs. Toutefois, une diligence raisonnable est essentielle, car les valorisations peuvent être moins fiables et les risques sous-estimés.

Voici un aperçu plus détaillé de notre vision des principales classes d'actifs :

Chart 1: Aberdeen House View

Source : Aberdeen, mai 2025. Les opinions exprimées ne doivent pas être interprétées comme des conseils ou des recommandations d'investissement sur la manière de construire un portefeuille ou sur l'opportunité d'acheter, de conserver ou de vendre un investissement particulier.

Conclusion

La clarté est importante. Nous ne prétendons pas savoir exactement ce que l'avenir nous réserve, mais nous élaborons des scénarios et nous nous préparons à toute une série d'issues possibles. 

Les droits de douane, les élections et la géopolitique sont autant d'impondérables. En combinant notre expertise économique, notre flexibilité en matière d'investissement et une sélection rigoureuse, nous nous efforçons de garder une longueur d'avance.
 

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